Dessiné par Claude Piel, à partir du CAP-10, pour les besoins de l’Escadrille de voltige Aérienne de l’Armée de l’Air, le CAP 20, du fait des nécessités d’une armée non encore faite aux nécessités inhérentes à la voltige aérienne de haut niveau, se trouve être extrêmement solide, donc un peu trop lourd pour la fonction prévue. S’il est d’ailleurs lourd sur la balance, il l’est encore plus pour ses pilotes, dont les prestations en vol ressemblent autant à des exercices de musculation qu’à des entraînements à la voltige de haut niveau.
Mais l’avion était particulièrement beau, Claude Piel ayant voulu lui donner un certain aspect de petit « Spitfire » à l’allure virile qui lui va fort bien. Il effectua son premier vol à Beynes en 1969 et prit part à sa première compétition internationale à Salon de Provence, en 1972, à l’occasion des championnats du monde de voltige aérienne. Le nombre d’exemplaires produits fut seulement de sept, dont six pour l’Armée de l’Air et un pour l’Aéro-club d’Amiens, un club particulièrement dynamique à cette époque.
J’ai, jadis, beaucoup volé sur ce CAP 20 que le regretté Gérard Feugray qualifiait de « T-L », (pour très lourd) et je dois dire que cet avion, certes trop lourd pour avoir la moindre chance de briller sur la scène internationale, était (et est d’ailleurs toujours) trop peu motorisé, son Lycoming de 200 Hp ne lui permettant que mal les longues montées verticales nécessaires en compétition de niveau élevé.
Après quelques années de souffrance pour les pilotes, la totalité des appareils fut modifiée, les ailes étant rognées et les ailerons agrandis, ce qui augmenta le taux de roulis, mais sans pour autant diminuer les efforts nécessaires aux évolutions rapides. Enfin, le N° 2 de série fut profondément modifié pour recevoir un moteur Lycoming à six cylindres développant 260 Hp. Le surnom d’ Arlésienne porté par ce bel avion (et pas d’Arlésien comme le nomment parfois certains ignares) provient du fait que, au moment de sa gestation, particulièrement longue, les pilotes du CEVA, dont je faisais partie et qui était alors dirigé par jean Eyquem, passaient une partie de leur temps à chatouiller les pilotes de l’EVA (Salon de Provence) en leur demandant si, un jour, on verrait venir leur Arlésienne. Ce fut pourquoi l’appareil fut ainsi nommé, par les pilotes de Salon eux-mêmes.
Ce dernier avion fait maintenant partie de notre collection et, s’il était arrivé au sein de l’EVA avec un délai plus court, il aurait certainement pu briller entre 1976 et 1980, les appareils vraiment brillants apparaissant après cette année-là.
Ceci étant, les CAP 20 possèdent de réelles qualités. Ils sont suffisamment maniables depuis l’apparition des ailes rognées et des nouveaux ailerons, ils sont très stables, même en marche arrière (dans les cloches), ils sont aussi très fins, donc rapides et très agréables à piloter, pour peu que l’on ne désire pas les faire manœuvrer à des taux de roulis trop importants. De plus, ils sont très faciles à décoller et à poser, quel que soit le vent, et disposent toujours de la puissance nécessaire au rattrapage ratées.
J.P. Lafille